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L’importance du secteur minier dans le développement du Burkina Faso

L’exploitation des ressources minières a connu un développement considérable dans le monde et particulièrement en Afrique ces dernières années. Le continent africain se trouve en tête en termes de réserves mondiales d’un certain nombre de matières comme la bauxite, la chromite, le cobalt, le diamant, le manganèse, etc. Malgré le développement sans cesse croissant de ce secteur, l’Afrique reste confrontée à une pauvreté accrue de sa population. Dans la partie subsaharienne, plus de la moitié de la population vit avec moins de 1,25 dollars US (environ 725 F CFA) par jour. Le secteur minier joue un rôle important dans la croissance économique du Burkina Faso.

Après analyse du secteur minier, force est de constater qu’il existe plusieurs enjeux:

  • Les enjeux économiques.
  • Les enjeux de développement des communautés locales affectées par les projets miniers.
  • Les enjeux de transparence et de bonne gouvernance des revenus collectés.
  • Les enjeux environnementaux.

Les enjeux économiques

Selon l’ancien ministre burkinabè de l’Energie, des Mines et des Carrières, Salif Lamoussa Kaboré, « Le pourcentage des industries extractives dans le PIB a régulièrement évolué. Entre 2007 et 2011, la contribution du secteur à la croissance est passée de 0,1% à 2,6%. En outre, l’or représentait 74% des exportations en 2012. » Il est donc plausible de dire que le secteur minier a pris une place considérable dans l’économie du Burkina Faso. De l’avis de l’ancien ministre toujours, « Les recettes générées par le secteur minier ont aussi connu un important accroissement, passant de 9 milliards F CFA en 2008 à plus de 189 milliards F CFA en 2012. Elles comprennent les recettes fiscales (fiscalité intérieure et les recettes douanières) et les recettes de servic. Depuis 2008, l’exploitation industrielle a créé des milliers d’emplois directs permanents ou temporaires et des emplois indirects. En 2012, sur 5 715 emplois permanents, on comptait 3 795 nationaux. » Selon les données de l’Initiative pour la transparence dans les industries minières extractives, en 2020, le secteur minier contribuait pour 14,3% aux recettes de l’Etat burkinabè. Mais avec la recrudescence de la menace terroriste, la production aurifère a reculé de 13,7% en 2022 par rapport à 2021, passant de 66,8 à 57,6 tonnes.

 

Les enjeux de développement des communautés locales affectées par les projets miniers

Lorsqu’une mine s’installe dans une localité, elle se retrouve en compétition avec les communautés sur certaines questions : terre (champs, habitation), eau, ressources végétales (plantes, arbres), etc. L’implantation des mines et leur exploitation nécessitent forcément l’aménagement de grands espaces qui peuvent englober des terres agricoles, des zones de pâturage, la végétation. Les populations se trouvent affectées et comme conséquence directe, on peut constater des déplacements de populations. D’autres conséquences subies par les communautés peuvent être la pollution des eaux, de l’air et du sol.

Au regard de ces conséquences subies, les communautés s’attendent à une amélioration substantielle de leurs conditions de vie, à un programme socio-économique intégral (construction d’écoles, mise en place d’activités génératrices de revenus, construction de centres de santé, programmes de développement, etc.). La question de l’emploi des jeunes riverains des mines et d’une manière générale, la question de la contribution des mines au développement de communautés locales est donc identifiée comme une contrepartie légitime.

 

Les enjeux de transparence et de bonne gouvernance des revenus collectés

La bonne gouvernance dans le secteur des ressources naturelles permet la prise en compte des intérêts des parties prenantes, organise leurs implications et, en définitive, est une condition pour tirer meilleure partie d’une exploitation des ressources dans un climat apaisé. Selon Salif Lamoussa Kaboré, ancien ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières, trois critères de bonne gouvernance paraissent importants : « 

Les enjeux environnementaux

L’environnement est aujourd’hui mis en mal par de nombreux projets et programmes de développement au Burkina Faso. Dans le secteur minier, il paie un lourd tribut. Certes, pour l’implantation d’une mine, il est difficile de garder l’environnement intact mais des mesures de compensation sont exigées par les textes législatifs. Certaines sociétés minières sont de bons élèves mais d’autres trainent le pas. En outre, dans le cadre de l’orpaillage, les conséquences sont encore plus grandes.

 

Bonnes perspectives selon le contexte sécuritaire difficile

 

Depuis les 03 dernières années on note une baisse de l’activité minière au pays des Hommes Intègres. Un recul que l’ex ministre des Mines et des Carrières, Simon Pierre Boussim, s’efforce de relativiser. S’il reconnait que la production a baissé en 2022, il assure toutefois « qu’il a eu une petite hausse en 2023. Parce que quelques mines ont fait une surproduction ». Le Burkina reste, selon le ministre, un pays attractif en matière d’exploitation minière. Simon Pierre Boussim estime par ailleurs qu’un « message qui est vulgarisé peint le pays en rouge pour décourager les investisseurs… Mais ceux qui sont sur place continuent de montrer (qu’on peut faire des affaires) et les pays amis sont aussi venus pour montrer que le Burkina reste résilient et qu’il y a de bonnes affaires qu’on peut faire au Burkina« .

L’activité des groupes djihadistes a entraîné la fermeture de plusieurs mines, comme celles d’Aresso, de Nord Gold, de Bouroum et Riverstone Karma. La mine d’or de Boungou, située dans la province de la Tapoa, dans l’est, tout près de la région des trois frontières, est aussi menacée.

Selon lui, « il y a eu une baisse de production sur le plan national des différentes sociétés minières. En plus des convois héliportés, les sociétés sont obligées de renforcer leur sécurité, ce qui augmente leurs charges et rend les conditions de travail difficiles parce que les travailleurs ne se sentent pas en sécurité, donc ça joue sur les rendements. » 

Dans ce contexte, l’industrie minière du pays a perdu plus de 2.000 emplois et le manque à gagner pour les recettes de l’Etat est d’environ 24,9 milliards de francs CFA.

Au Burkina Faso, le secteur extractif (Mines et Carrières) a généré des revenus de 383,5 milliards FCFA (650 millions $) en 2021. Il s’agit d’une hausse de 31,47 % par rapport à 2020, indique le rapport publié début décembre 2023 par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). La production d’or, principale ressource minière exploitée localement, a aussi augmenté de 6 % à 67 tonnes cette année-là. Avec le zinc et l’argent, le métal jaune a contribué à des exportations d’une valeur de 2 250 milliards FCFA en 2021, soit une hausse de 6 % en glissement annuel. Les Mines représentent ainsi 79,02 % des exportations totales du Burkina Faso en 2021, contre 83,90 % en 2020.

Malgré l’amélioration des chiffres de production et d’exportations, notons que la part du secteur extractif dans le PIB a baissé, passant de 16,12 % en 2020 à 14,34 % en 2021. Cependant, les Mines et Carrières ont occupé une place plus importante dans les revenus de l’État, avec une contribution de 19,25 % aux recettes budgétaires, contre 14,30 % en 2020. Enfin, la contribution à l’emploi a plus que doublé pour atteindre 2 %. Outre les ressources déjà citées, rappelons que le Burkina Faso produit aussi du phosphate et des minerais de carrière (granite, calcaire, sable, etc.).

Cheriff COULIBALY

                               

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