Autosuffisance en riz au Burkina Faso à l’horizon 2027 : un défi atteignable
L’agriculture burkinabé est une agriculture pluviale de subsistance basée principalement sur les céréales (sorgho, mil, maïs, riz et fonio) qui occupent plus de 88% des surfaces emblavées annuellement et constituent l’alimentation de base de la majorité de la population. Parmi ces céréales, le riz est devenu une culture de base majeure et occupe la quatrième place en termes de superficies cultivées et de production, représentant 8% de la production totale de céréales.
Le riz, denrée alimentaire de première nécessité au Burkina Faso revêt une importance stratégique dans la composition du panier de la ménagère burkinabé.
La chaîne de valeur a un potentiel de croissance important, avec l’existence de nombreuses plaines de production (surtout dans les régions des Hauts-Bassins, de la Boucle du Mouhoun, de Cascades et du Centre-Est), plus d’une cinquantaine de variétés améliorées de riz, et un nombre important d’acteurs assez bien structurés (même s’il se pose parfois des problèmes de gouvernance), notamment à travers un comité interprofessionnel. Ce potentiel est soutenu par une forte demande nationale de riz en nette augmentation, surtout dans les zones urbaines, et une très forte demande sous régionale. Au cours des dix dernières années, la production s’est accrue grâce à la hausse des superficies, consécutive aux aménagements de bas-fonds et de périmètres irrigués et aux subventions en intrants et équipements agricoles réalisés par le Gouvernement et ses partenaires depuis la crise des prix alimentaires de 2008. Malgré ce gain relatif de production rizicole et les opportunités de marché existantes, la production nationale couvre moins de 50% des besoins de consommation. Au niveau national, la demande de riz est estimée à 840 000 tonnes par an, pour une production nationale moyenne annuelle de 324.611 tonnes entre 2010 et 2019. On prévoit que la demande nationale pourrait atteindre 1.500.000 tonnes en 2025.
Cependant, plusieurs obstacles importants au développement de la filière riz au Burkina Faso subsistent. Au niveau de la production, les contraintes principales sont la faible productivité et la vulnérabilité aux effets du changement climatique. De plus, les capacités de stockage du riz restent très limitées, en particulier dans les zones rurales, ce qui rend difficile l’écoulement du riz local au sein du marché. Les unités de transformation et les étuveuses connaissent aussi des problèmes, y compris une faible disponibilité de paddy, une faible qualité des équipements de transformation, la faible performance technique et spécialisation des acteurs, et la non-conformité des usines aux normes standards. En conséquence, le riz usiné est souvent jugé de faible qualité. Au-delà des problèmes d’approvisionnement et de qualité, la difficulté d’accès aux financements (crédit équipement et fonds de roulement) reste une contrainte majeure pour les transformateurs et les étuveuses, qui ont considérablement besoin de crédit pour préfinancer les riziculteurs. D’autres difficultés minent la distribution et la compétitivité du riz national vis-à-vis du riz importé. Ceux-ci comprennent: le manque de gros acheteurs, la variabilité des systèmes de commercialisation d’une plaine rizicole à l’autre, le caractère atomisé des stocks de riz destinés à la commercialisation, la variabilité des prix du riz sur le marché intérieur et la sortie massive du riz paddy acheté bord champ par les commerçants de pays voisins. Néanmoins, on note un certain dynamisme dans le secteur privé rizicole au Burkina Faso. Les populations burkinabé fondent beaucoup d’espoir à la stratégie nationale de développement de la riziculture surtout avec sa phase 2. Projeter une autosuffisance en riz à l’horizon 2027 est atteignable au regard des dynamiques développées dans la filière.
Cheriff COULIBALY