Le péril plastique au Burkina Faso : la grosse menace pour notre cadre de vie.
Selon une étude de la Banque Mondiale menée e 2012, les déchets plastiques représentent 4% de la production annuelle des déchets au Burkina Faso, soit une masse totale d’environ 12.000 tonnes.
Si l’on convient avec Gaston MIALARET que « l’individu tire de son milieu environnant les éléments essentiels à sa croissance, à sa vie… », il est permis de douter de l’éventualité même de la prise de conscience de cette évidence au Burkina Faso pré et post-insurrection. Ce ressentiment ainsi exprimé n’est ni une critique futile, encore moins une méconnaissance ou une prétention quelconque. Il résulte d’une profonde inquiétude face au phénomène des sachets plastiques sur toute l’étendue du territoire national. Il résulte aussi et surtout de notre inertie collective, en tête celle des gouvernements successifs du Burkina Faso face à un fléau qui, depuis plus de deux décennies au moins, apparait comme l’une des plus grosses menaces contre l’environnement, les populations et le bétail d’un pays constamment balloté entre doute et espoir.
Chaque rue de Ouagadougou et de tous les centres urbains et semi-urbains du pays, toutes les agglomérations humaines et les brousses, mêmes les plus reculées, sont infestées par les sachets plastiques de toutes sortes et de toutes les couleurs. Aux abords des marchés et des routes, sur les réserves, dans tous les espaces éducatifs et de formations sanitaires, dans les caniveaux et les familles, partout, le drame du plastique trahit et traduit à la fois notre indifférence, notre manque d’hygiène, notre perte du sens de l’honneur, notre démission collective, notre insouciance, notre volonté de léguer aux générations futures une terre souillée et invivable, notre incapacité collective à penser à nous-mêmes et surtout et malheureusement au-delà de nous-mêmes, en un mot, notre incivisme mortifère pour lequel l’histoire nous jugera sévèrement, très sévèrement, individuellement et collectivement.
Notre démission est globale, totale et il faut craindre qu’elle soit irréversible. Les populations se sont résignées faute de leaders aussi bien à l’échelle des collectivités territoriales qu’à celle des gouvernements successifs au Burkina Faso pour répondre au phénomène. Il n’y a rien de plus normal. Dans tous les domaines et sur tous les continents, tout peuple a besoin de leader pour écrire son histoire. Face au fléau des sachets plastiques qui sont des nouvelles parures de nos arbres en lieu et place des fleurs et des fruits, il est temps que les burkinabè se ressaisissent.
Face à ce désastre écologique, l’état du Burkina Faso a mis en place un cadre législatif par l’adoption d’une loi portant interdiction de la production, de l’importation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables. Les difficultés dans la mise en œuvre de cette loi ont milité à l’élaboration d’une stratégie nationale de gestion des déchets plastiques (2023- 2027). L’exécution de cette stratégie doit créer environ 50.000 emplois verts sur l’ensemble du pays. D’un cout de 20 milliards 700 millions de francs CFA, la stratégie nationale de gestion des déchets plastiques doit améliorer substantiellement le cadre de vie des populations en combattant l’insalubrité, la dégradation du couvert végétal.
Exemples à suivre
Aux Etats-Unis, il n’y a plus de sac de caisse en plastique. Tous les supermarchés et magasins servent leurs clients avec des sacs en papier kraft. Certains pays, comme le Canada, la Suisse et l’Italie, utilisent les sacs biodégradables. Il est important de savoir que c’est à la fin des années 1950 que les sacs plastiques ont fait une entrée fulgurante aux USA. Aujourd’hui, vous n’en trouverez plus.
En Europe, la plupart des magasins sont en train de les supprimer. La France avait promis la fin du sac plastique en 2010, mais il reste encore tenace dans quelques rares magasins. Des efforts sont faits un peu partout sur la planète mais il faut reconnaitre que tout ce qui fait appel au changement de comportement n’est pas une affaire simple et nécessite un engagement de tous.
Heureusement, il y a quelques bons exemples sur le continent africain. Le Rwanda, le Tchad, le Congo Brazzaville et bientôt, la Mauritanie. Comment et pourquoi ces pays africains ont-ils jugé utile de prendre en charge cette question stratégique. Tous ont adopté des lois, c’est la clé. Pour interdire l’importation et l’usage du plastique, il faut légiférer.
Au Rwanda, à l’aéroport de Kigali, dès votre descente, un agent vous posera la question : avez-vous des sachets plastiques… on vous délestera de vos sachets. Dans les magasins, pas de sacs plastiques. En pharmacie, les produits sont vendus dans des sacs en papier kraft. Il existe des emballages en plastique biodégradable, ils sont vendus en magasins et sont réutilisables.
Ces pays ont peut-être le sens de l’anticipation, ils regardent et savent répliquer les bons exemples. Ils mesurent l’impact, s’engagent pour les générations futures.
Il est important que chacun doit s’engager à préserver l’environnement, c’est un devoir. Des petites initiatives de recyclage existent certes au Burkina et dans certains pays africains, mais entre le traitement et la prévention, le choix devrait être vite fait.
Cheriff COULIBALY