ENERGIE

Electrification rurale au Burkina Faso : « il faut revoir le modèle économique des coopératives d’électricité pour pérenniser le projet ». Etat des lieux

Le Burkina Faso a procédé à la réforme du secteur  de l’électricité par l’adoption d’une loi le 20 novembre 2007. Cette réforme qui consacre la libéralisation  de la production et la distribution de l’électricité a apporté des changements dans la structure de l’industrie de l’électricité dans notre pays.

Avec 70% de sa population vivant en milieu rural, le Burkina Faso affiche d’énormes difficultés à assurer un meilleur besoin des populations en électricité. Seulement 3% des populations rurales ont accès à l’électricité (source ministère de l’énergie). Le projet d’électrification a connu un apport massif des sociétés privées à partir de cette réforme. Il a été surtout question pour l’Etat du Burkina Faso de favoriser les investissements privés pour un bon maillage du territoire national. Ce taux d’accès à l’électricité s’est nettement amélioré atteignant 18%  en 2015 et 45% en 2021. Ainsi nous dénombrons en 2023, 408 localités électrifiées dont plus de 300 coopératives d’électricité (COOPEL) sur l’ensemble du territoire. Il faut dire que la coopérative d’électricité n’est pas une invention burkinabé. Il existe à travers le monde entier (Belgique, Danemark) et dans la sous-région (cote d’ivoire, Mali, Sénégal etc.) des coopératives d’électricité. Le modèle burkinabè a été inspiré par les Danois. Dans le contexte burkinabé la difficulté réside sur le modèle économique. Aujourd’hui la moyenne dans la consommation de l’électricité au Burkina Faso par an et par habitant est passée à 76 kWh contre 12.154 kWh par an et par habitant aux Etats –Unis et 3.081kwh la moyenne dans le monde.

Les débuts de l’électrification rurale au Burkina Faso ont été portés par des sociétés pionnières. C’est dans cette dynamique que la Société Internationale d’Electrification, d’Exploitation et de gestion Nouvel Horizon SARL est née pour apporter sa contribution dans le renforcement de capacités desdites coopératives d’électricité. Elle s’est particulièrement spécialisée dans :

  • logiciel de facturation conformément à l’arrêté N°9- 018 et 019 du 20 novembre 2009 ;
  • l’élaboration de manuel de procédure simplifié (outils de gestion simplifiés) des CCOPEL ;
  • la gestion technique, financière, comptable et fiscale ;
  • harmonisation des pratiques en matière d’exploitation des systèmes électriques des COOPEL ;
  • la gestion technique, financière, comptable et fiscale des systèmes électriques et des organisations.

 

NB : Contrairement à la perception populaire, la tarification des COPEL est moins chère que celle de la SONABEL selon Mr Rémi ZOUNGRANA

Les difficultés

Les coopératives d’électricité sont des sociétés privées régies par les textes de l’OHADA ayant des concessions pour la production et la distribution de l’électricité sur leur périmètre territorial. Le but des COOPEL est d’impulser le développement local (actionnariat communautaire) par une bonne utilisation des recettes générées.

Mais dans la pratique, beaucoup de difficultés subsistent:

  • une absence totale de campagne d’information et de communication en amont du projet. Une situation qui a fait nourrir de fausses rumeurs sur la qualité inférieure de l’électricité vendue par les COOPEL ;
  • l’instabilité socio-politique a fini par créer à certains moments une sorte de désaffection de certaines autorités régionales sur la justesse du projet ;
  • la mauvaise exécution des marchés d’électrification a jeté le discrédit sur l’ensemble du secteur. Pour qu’une COOPEL soit rentable il faut une bonne exécution du projet initial. Ce qui lui évitera un renchérissement des couts de production et de fonctionnement ;
  • l’imposition d’une puissance de 10KW à souscrire quelque soit la taille et le nombre d’abonnés de la C0OPEL qui est liée à une prime fixe très élevée;
  • la mauvaise politique de transfert des COOPEL sans suivre les procédures légales dans le but de faire disparaitre les entreprises évoluant dans ce domaine ;
  • la facturation des pertes non techniques et les pertes des transformateurs aux COOPEL ;
  • le prix d’achat du kilowattheure est de 75 francs et vendu à partir du même prix par les COOPEL ;
  • les influences politiques et les influences des chefs coutumiers. Chaque entité veut contrôler la COOPEL posant souvent des conflits d’intérêt ;
  • l’arrêt des activités de certaines COOPEL du fait du terrorisme et de manque d’extension des réseaux électriques ;
  • l’installation des compteurs intelligents dont les plateformes ne sont pas vérifiées et validées par l’autorité de régulation du secteur de l’énergie ;

Toutes ces difficultés créent d’énormes impayés aux COOPEL. D’où la nécessité d’une concertation des différents acteurs pour revoir le modèle économique.

 

Quelques propositions de solutions

  • que le prix d’achat du KW revienne à 71 francs au lieu de 75 francs ;
  • la taxe sur le développement de l’électricité soit utilisée pour solder les arriérés des COOPEL transférées pour raison d’impayés ;
  • l’annulation des arriérés des COOPEL ou les villages se sont déplacés pour raison de terrorisme ;
  • accorder des facilités de paiement au profit des COOPEL dont certains de leurs gros clients se sont déplacés du fait du terrorisme.

 

Selon monsieur Zoungrana, « le sous-secteur de l’électrification rurale affiche un gros potentiel en termes de création d’emplois. C’est pour cela, ajoute monsieur Zoungrana, que nous plaçons beaucoup d’espoir aux autorités de la Transition ».

Cheriff COULIBALY

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